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L’ENSEIGNEMENT PRATIQUE DE DANSE 

La médiation de la danse-rythme-thérapie est l’Expression Primitive. Elle se transmet exclusivement en présentiel dans les stages. C’est une technique de danse, rythmée, vocalisée, puissante que la simplicité des gestes « premiers » rend accessible à tous et particulièrement pertinente dans le domaine de la thérapie. 

(voir son origine et sa description détaillée dans l’onglet La technique de médiation) .

 

 

1. La technique de médiation

L’Expression Primitive a été créée par un danseur-chorégraphe haïtien Herns Duplan, selon l’esthétique pure et stylisée du primitivisme en art. Elle correspond au goût d’aujourd’hui pour les danses au rythme marqué, pulsatif et répétitif pouvant conduire à la transe. Son esthétique primitiviste, « cubiste » aux formes simples et puissantes répond au besoin moderne de déconstruire l’académisme et de retrouver des racines, un essentiel dont l’Occident s’était éloigné.
L’Expression Primitive est « le fruit d’un métissage profond »  entre les danses traditionnelles haïtiennes et de la danse afro-américaine. Herns Duplan avait en effet travaillé avec Katherine Dunham, pionnière de la danse afro-américaine et en même temps anthropologue. Sa thèse, soutenue en 1950, portait sur le vaudou haïtien et les rituels thérapeutiques sacrés des Caraïbes. Préoccupée par l’universel, Katherine Dunham cherchait le commun sous la diversité et trouvait dans la pulsation l’invariant humain, présent dans toutes les cultures, sous la diversité de leurs formes d’expression.

La pulsation est en effet universelle parce qu’elle est le plus familier, le plus naturel des rythmes, celui du battement du coeur. Elle transpose dans le rythme de la musique et de la danse le battement vital du cœur et du souffle. Elle est vivante, elle vit et vivifie. Mais au-delà, elle est l’image sonore du cycle : cycle du jour et de la nuit, cycle des saisons, rotation des astres, oscillation du vivant, cycles du développement psychique, la pulsation est, comme l’écrit Herns Duplan : « un cycle parfait : elle apparaît, vit, disparaît ; elle obéit donc à une loi ternaire qui nous régit tous. Lorsqu'elle se répète à intervalles réguliers, elle devient cadre de vie, moyen de fixer le temps, de le réguler, de construire, d’élaborer ».

L’Expression Primitive, c’est d’abord un rythme puissant, joué au tambour. L’écoute du tambour fait ressentir fortement la pulsation. Elle se transmet dans tout le corps et réveille spontanément une énergie latente qui jaillit au dehors en mouvements rythmés. Rien de tel pour renouveler les pulsions de vie, stimuler le sytème immunitaire, renforcer les défenses, et chasser les forces mortifères pour faire place à la joie.

L’Expression Primitive ce sont les gestes, simples, puissants, accessibles à tous… 

L’Expression Primitive, c’est la vocalisation des gestes par les danseurs. il ne s’agit pas de chants avec des paroles, mais d’une expression vocale improvisée composée de phonèmes rythmiques et mélodiques.   

 

2. La Danse-Rythme-Thérapie


Le travail de Katherine Dunham et de Herns Duplan a été poursuivi par d’autres. France Schott-Billmann l’enseigne depuis 1976 et lui a donné des fondements thérapeutiques issus des sciences de la nature et des sciences humaines (anthropologie, psychologie, psychanalyse).

 

La Danse-Rythme-Thérapie se pratique depuis une quinzaine d’années dans des hôpitaux  ou auprès des particuliers. Son efficacité tient d’abord au rythme, le rythme puissant qui accompagne l’Expression Primitive. Comme le font les chamanes et les musiciens qui accompagnent les danses de possession où, dans toute l’Afrique, les divinités s’incarnent dans les humains.

France Schott-Billmann s’est consacrée à une mise en forme de l’Expression Primitive comme médiation thérapeutique. Elle écrit : « J’ai fondé la Danse-Rythme-Thérapie à partir de l’Expression Primitive après avoir étudié pour ma thèse de nombreux rituels thérapeutiques dansés, traditionnels, tribaux ou chamaniques qui s’appuient sur des outils oubliés par les thérapies d’Europe occidentale : le rythme, le chant, le groupe choral, la résonance, le rituel, la joie, la transe dansée… »

Cependant, la danse-thérapie n’est pas un défoulement. C’est une relation triangulaire entre un patient et un thérapeute, médiatisée par la danse. Celle-ci doit donc être ordonnée pour offrir un cadre sûr, un support solide au processus thérapeutique que le patient effectuera en relation avec le thérapeute. 

Mais le rythme, c’est aussi un temps commun qui permet de se relier à l’autre par des mouvements synchrones, de se sentir à la fois un individu et membre d’un groupe ; c’est aussi un cadre, une structure, dont l’ordre premier est la répétition périodique qui permet d’ordonner le mouvement, de le ritualiser tout en lui gardant sa structure naturelle. 

Répéter un geste crée une résonance, redoublée par le groupe synchrone,  choeur chantant-dansant.  Sous l’effet de la répétition et de la résonance, l’énergie et la forme du mouvement s’amplifient, ce qui, ajouté à l’effet hypnotique de la répétition, conduit à la transe de la danse, l’état dionysiaque de  l’enthousiasme (« le dieu en soi »: la Vie), expérience d’être traversé par une énergie inconnue, bonheur de se sentir intensément vivant, accordé avec ce qu’on est au plus profond de soi, qu’on découvre plus vaste qu’on ne pensait. 

L’homme recherche depuis toujours à sortir des bornes de la conscience ordinaire, cet état de conscience élargie où la réalité est « augmentée » comme le sont capacités du corps et celles de l’esprit, qui devient inspiré, imaginatif, créatif, artiste… L’Occident, se voulant champion de la raison logique, l’a longtemps exclue mais lui ouvre aujourd’hui les bras avec la pratique de l’hypnose ou celle de la méditation qui sont des pratiques spirituelles mais adogmatiques, non religieuses. Il en est de même pour la danse. 

Il n’y a pas de thérapie sans recherche de sens, cet ensemble de sensations, d’émotions et de pensée. Tout le dispositif de la Danse-Rythme-Thérapie y conduit par la modification de l’état de conscience : avec la répétition, les mouvements deviennent réflexes, ils se déploient et se replient automatiquement, reviennent, recommencent, renaissent, continuent, tenaces, rebondissent sans cesse. Cet automatisme hypnotique repose le danseur de l’effort de la pensée, il est là et ailleurs, absent et présent, il pense sans penser, et cette méditation dynamique laisse place à l’inconscient, une présence inouïe qui entend dans le rythme l’ordre cardio-respiratoire, moteur de la vie ;  qui voit dans le mouvement, l’ordre du corps humain : bipédie, marche, verticalité, symétrie ; qui découvre dans la concordance des deux ordres superposés celui de l’homme vivant, trait-d’union entre la terre et le ciel, entre le corps et le symbole. Les mouvements répétitifs, symboliques, évocateurs sont des signes. Ils « parlent » au danseur, ils insistent pour en être entendus, pour lui dévoiler sa nature humaine qu’il partage avec tous, et sa singularité inscrite dans cet universel.

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